Je passe à côté d’eux...
Il lui dit en souriant et en s’éloignant : « Tu sais où me trouver ! ».
Elle souffle : « ouep, je sais surtout pas où te perdre ! ».
« Joli ! » j’ai failli dire mais c’est pas mes affaires.
Bouts de bouts de rencontres en thérapie et ailleurs ...
Des bouts de bouts de rencontres en consultations ..
Je passe à côté d’eux...
Il lui dit en souriant et en s’éloignant : « Tu sais où me trouver ! ».
Elle souffle : « ouep, je sais surtout pas où te perdre ! ».
« Joli ! » j’ai failli dire mais c’est pas mes affaires.
« Un con sphérique ! » me dit-il à peine arrivé dans mon bureau en parlant d’une personne de son entourage avec qui la relation est pour le moins difficile. « Pas l’once d’un doute, l’ombre d’une remise question, une lueur d’ouverture, une brèche, même minime. Un con parfaitement sphérique je vous dis ». Qu’il me dit.
J’aime bien la formule. Et, en effet, ce n’est pas courant mais ça existe les cons sphériques.
C’est mon côté snob. Le dimanche, j’adore me balader en Bugatti pour aller lire sur la terrasse.
Dans « Le vieux qui lisait des romans d’amour », Luis Sepúlveda écrit : « je peux vous dire que si vous avez sur vous la moindre chose qui attire la curiosité d’un ouistiti et s’il descend de son arbre pour vous le prendre, vous avez intérêt à le laisser faire. Si vous résistez, le ouistiti se met à hurler et en quelques secondes des centaines, des milliers de petits démons poilus et furieux vous dégringolent du ciel ».
Et, en lisant ça j’ai commencé à recevoir des trucs sur la tronche. Une sorte de ouistiti m’observait. Sepúlveda c’est assez immersif comme lecture. Surtout en Bugatti sur une terrasse par temps lourd.
Ces temps-ci, les expressions qu’utilisent les gens me restent dans l’oreille plus longtemps que d’habitude et j’aime m’y attarder.
Le monsieur, ce matin à la radio, disait : « je m’en fiche comme de ma première chemise ». Pas que je pense qu’il ne faut être indifférent à rien. Moi, par exemple, les scores de foot, je m’en tape. Mais comment peut-on dire qu’on se fiche d’une première chose qui nous soit arrivée ?
Sans doute que j’ai trop souvent tourné de pages, claqué de portes, laisser tomber, regardé devant, passer à la suite, qu’aujourd’hui, je trouve une grande joie, en mangeant une fraise, à tenter de me souvenir de la première fois où j’en ai goûté. Ça donne une tournure singulière à beaucoup de choses. Bon, faut accepter qu’un flot d’émotions incongrues se joigne parfois au machin mais, en gros, j’y vois plus de bénéfices que d’inconvénients. Bref, j’aime bien m’arrêter sur les expressions qu’utilisent les gens sans trop y penser et y penser.
Là-dessus, je vais marcher pieds-nus dans le jardin. C’était quand la première fois déjà ?
2021 - 2024 Champ-Psy.be © Benoît Dumont
Benoît Dumont est psychothérapeute à Bruxelles. Il est titulaire du Certificat Européen de Psychothérapie (CEP), membre de l’Association Belge de Psychothérapie (ABP/BVP) et membre fondateur du collectif Alter-Psy.
benoit@parcours.com